Entretien
avec Philippe
Liotard, chargé
de mission sur l’égalité entre les femmes et les
hommes à l’université Lyon1.
Ou
la rencontre déroutante avec un homme qui nous a apporté
plus de questions que de réponses…
Nous avons déniché un
« spécialiste » de l’égalité
femme-homme. Voilà ce qu’il nous faut pour comprendre
pourquoi les métiers du bâtiment pourraient encore
rester peu ouverts aux femmes …
Philippe
Liotard, bonjour et merci de nous recevoir à l’Université
Lyon 1 où vous exercez votre mission. Permettez nous d’entrer
tout de suite dans le vif du sujet : pensez-vous qu’il
pourra bientôt y avoir plus de femmes dans les métiers
du BTP ?
Philippe
Liotard : Oui,
mais il y a une mauvaise raison qui pourrait expliquer l’arrivée
des femmes dans le BTP. Ce serait si les hommes délaissent
ces métiers sous prétexte qu’ils seraient moins
nobles qu’avant
ou
pas assez payés !
Je
vous rassure, elles peuvent aussi venir dans ces métiers si
nos mentalités changent ! Y êtes-vous
prêts ? Par exemple, qui serait prêt messieurs à
ce que sa femme gagne plus que lui ?
(Les
5 garçons présents se concertent et 3 sur 5
reconnaissent qu’ils seraient gênés de gagner
moins que leur épouse)
Euh...Mais
pensez-vous que cela va arriver bientôt que les femmes
pourront choisir de faire un métier dans le BTP ?
Ph.
Liotard : Oui, les choses évoluent. Doucement mais
elles évoluent. Il y a un peu plus de 50 ans, les femmes
étaient considérées comme mineures. Ce n’est
qu’après 1945 que les femmes obtiennent le droit de
vote...
Aujourd’hui,
la loi autorise les femmes à travailler, elles sont libres.
Mais dans beaucoup de mentalités les femmes restent
inférieures car elles le sont historiquement. Elles ont
accédés à l’enseignement beaucoup plus
tard que les hommes. Pourtant, des enquêtes prouvent que les
filles sont plus fortes dans les études que les garçons.
Comment expliquez-vous alors qu’elles aient moins accès
aux postes à responsabilité ?Pour
qu’il y ait une meilleure insertion des femmes dans le monde du
travail, il faudrait que les hommes réfléchissent,
qu’ils prennent conscience, reconnaissent qu’on considère les
hommes mieux que les femmes, sans raison valable, seulement par
habitude ; il faudrait qu’on laisse chaque femme choisir
les métiers qu’elles ont envie d’exercer, selon
ses goûts et ses valeurs. Bien sûr cela pose des
questions : comment ? quand ? grâce à
quoi ? à qui ?… Je
me pose des questions sur
ce sujet mais après y avoir répondu, j’en trouve
d’autres, c’est un cercle sans fin.
« ... je
me pose des questions...et après y avoir répondu, j’en
trouve d’autres... »
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