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Voyage à Auschwitz 2007
Article mis en ligne le 13 mars 2008
dernière modification le 9 novembre 2010

Mercredi 21 novembre 2007, Loïck, Adrien, Hugo, Benjamin, Amandine, Charly et William, Emilie, Archibald, Romain, Anthony, Claire-Marine, Thomas, Clément, Pauline et Pierre ainsi que quatre adultes du collège dont l’infirmière, le conseiller principal d’éducation et deux professeurs ont participé au voyage à Auschwitz-Birkenau. Cette journée du souvenir, organisée chaque année par l’Amicale des anciens déportés a permis à toutes et à tous de partager un intense moment d’émotion.

Découvrez d’autres photos du voyage à Auschwitz- Birkenau et des témoignages sur
le blog des élèves
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Les participants se sont retrouvés à l’aéroport international de Saint Exupéry à 5h15 du matin, et après un vol de 2 heures ont atterri à Cracovie en Pologne.
 
Il avait beaucoup neigé les jours précédents et, pendant le transfert en car jusqu’au camp, nos regards se portaient tantôt sur une campagne morne et blanchâtre trouée soudain par un petit cimetière illuminé avec des centaines de bougies, tantôt sur des villages posés au bord de la route. A 10h30, le car se garait sur un parking déjà bien rempli car il y a toujours beaucoup de visiteurs venant du monde entier. Les arbres étaient givrés et dans l’atmosphère glaciale de ce matin d’automne, notre petit groupe a suivi la guide polonaise.

Visite du camp d’Auschwitz

Nous avons tout d’abord visité le camp d’Auschwitz I. Nous sommes passés sous l’inscription « arbeit macht frei » et avons marché dans les allées pavées et verglacées, au milieu des dizaines de bâtiments imposants et identiques, cernés par de hauts murs d’enceinte et de barbelés électrifiés infranchissables. Le froid était mordant et le timide soleil ne parvenait pas à nous réchauffer. Dans notre groupe, le silence s’était imposé naturellement et malgré le nombre de visiteurs, chacun ressentait à sa manière sa rencontre avec une page d’histoire.
Parmi les nombreuses salles du musée d’Auschwitz que nous avons traversées, quelque unes nous ont beaucoup impressionnés. Là, s’entassent les valises portant les noms de leurs propriétaires, celles indiquant l’âge des enfants, surtout des bébés ; ailleurs, ce sont des milliers de paires de lunettes, des prothèses, des milliers de chaussures. Là, se dresse un véritable mur de cheveux et certains d’entre nous ont du mal à regarder l’inimaginable… Il faut tout le savoir faire de notre guide pour nous donner les informations même si, pendant quelques brefs instants, elle est submergée par l’émotion. Benjamin ORENSTEIN, président de l’Amicale, nous accompagne pendant un moment et son témoignage, lui aussi, est entendu avec une profonde émotion.
La visite des sous-sols contenant les cachots, de la cour avec son mur des fusillés, des potences, précède celle de la chambre à gaz. Il y a très peu de lumière, et le froid n’est pas seulement extérieur mais à l’intérieur de chacun de nous. La visite se termine et nous retrouvons le présent avec la sensation d’un poids sur nos épaules, celui du passé. La courte étape pour rejoindre l’endroit du déjeuner, puis le moment du repas nous font du bien. Le bruit (150 personnes à table), fait place au silence, la chaleur fait place au froid, la technicité (appareils photos à comparer, premières photos prises, piles à trouver, téléphones portables à recharger etc.…) reprend le dessus.

Visite du camp d’Auschwitz Birkenau

A 14h, le car nous amène à Auschwitz II Birkenau, situé a environ 3 km du premier camp. Nous retrouvons notre guide et son souci de transmettre, à travers sa propre sensibilité, la mémoire. Arrivés par la porte desservie par la voie ferrée, c’est le choc. L’endroit est immense, plat, recouvert de neige et s’étend sur des kilomètres. Nous avançons, en foulant la neige vierge ; le soleil est présent mais nous ne le sentons pas ; lorsque le vent se lève, rien ne peut l’arrêter et nous pensons tous, nous, emmitouflés dans nos parkas avec nos bonnets, nos gants, nos bottes fourrées, nous, en bonne santé, l’estomac bien rempli, à celles et à ceux qui foulaient la même neige, il n’y a pas si longtemps, vêtus de pyjamas rayés et pieds nus, affamés et malades.

Avec notre guide, nous nous dirigeons vers le camp des femmes ; il n’y a presque personne car la distance est grande. Les baraquements, construits en briques sont intacts. C’est le deuxième choc pour nous tous. Rien, ni les descriptions dans les livres, ni les films ne peuvent remplacer la vision de ces châlits où s’entassaient des milliers de femmes et d’enfants. On voit se succéder des files de blocs, alternant lavabos et latrines. On imagine, non, on ne peut même pas imaginer tellement c’est terrible disent certains. Nous sommes restés graves, serrés les uns contre les autres pendant les explications de notre guide, le regard vide, des pensées plein la tête. Puis l’un d’entre nous pose une question et enfin, nous parlons et commençons à circuler par petits groupes, prenant un maximum de photos pour transmettre à d’autres ce que, nous, ne pourrons jamais oublier.

Le soleil rase l’horizon, il est 16h, mais la nuit est vite là en hiver. Nous marchons pour rejoindre le crématoire. Les ruines sont impressionnantes et notre guide nous décrit le parcours des victimes : bâtiments d‘accueil, douches, chambre à gaz, crématoire. Plus loin, d’autres fours, encore plus loin, encore d’autres ruines de four crématoire et un lac, au milieu du néant, gelé, miroitant au soleil couchant, un lac… de cendres. Il fait nuit maintenant et, nous visitons le « Canada » un bâtiment reconstitué où sont affichés sur un mur des photographies du temps d’avant : photos de classe, famille souriant à l’objectif, enfants à vélos, bébés. A la sortie du bâtiment, une table et un livre ouvert pour témoigner encore, jamais trop. Nous avons déposé notre message.

Cérémonie du souvenir

Nous nous sommes rendus ensuite vers le monument où s’est déroulée une cérémonie du souvenir. Chaque participant a reçu, puis déposé une bougie sur les stèles. Un discours, une prière, un chant autour du Mémorial à la lueur tremblotante des bougies ont uni tous les participants, hommes, femmes, jeunes et moins jeunes, croyants ou non et ont clôturé cette journée qui nous a rendus, nous tous, un peu plus humains tout simplement.