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Collège Professeur Marcel DARGENT
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Site du collège Professeur Marcel Dargent à Lyon.

Voyage à Auschwitz 2011
Article mis en ligne le 19 mai 2011
dernière modification le 6 juin 2011
" On ne peut pas raconter Auschwitz, seulement l’évoquer. "

Nous sommes partis le mercredi après midi. Tout le monde était prêt à vivre cet émotionnel voyage.
Nous avons pris l’avion en direction de Cracovie. Dans l’avion, certains rescapés prennent la parole pour narrer leur expérience.
Une fois arrivé à l’aéroport polonais en début de soirée, nous allons dans nos cars respectifs et nous faisons connaissance avec nos guides. Une rapide histoire de la ville, ses monuments, et nous arrivons à l’hôtel. Pas de temps à perdre : le lendemain, une dure journée et un réveil matinal nous attend.

Après un rapide petit déjeuner, nous voila dans nos cars, en route vers le camp d’Auschwitz. Notre guide nous rappelle les grandes lignes historiques du génocide ainsi que du camp.

L’histoire de Benjamin Orenstein, rescapé.

«  En 1939, alors que les nazis envahissent le pays, il est le dernier enfant, le plus jeune, d’une famille juive polonaise.
En 1945, à la libération des camps, il est le seul survivant et le seul témoin.
Il raconte la faim, le travail forcé, les coups des SS, l’indifférence aussi qui entoure le sort des juifs. Il dit aussi les faux espoirs : jusqu’en 1941, malgré la vie difficile, on pouvait espérer que le village serait épargné. Mais le sort des Juifs de Pologne était déjà inscrit dans ces lieux aux noms effrayants : Belzec, Chelmo, Sobibor, Maïdanek, Treblinka, Auschwitz...

En 1941, il faut quitter le village et à l’automne 1942, c’est l’arrestation. Les trois frères sont aptes au travail et envoyés dans différents camps. Les parents et la sœur de Benjamin Orenstein partent pour Belzec, préoccupés par le sort du jeune Benjamin et sans doute à peine conscients de ce qui les attendait là-bas dans le camp sans retour. Ils ne reviendront pas.

Le destin est cruel parfois : le 4 août 1944, jour anniversaire de ses 18 ans, Benjamin Orenstein entre à Auschwitz. Il est retenu dans le camp des tsiganes là-bas au fond de Birkenau. Les tsiganes viennent tout juste d’être exterminés.
Difficile de parler d’Auschwitz. Les souvenirs, ce sont des cris et des aboiements, ceux des chiens et des gardes. Ce sont des odeurs et la fumée des crématoires qui ne se levait jamais. Ce sont les oiseaux qu’on ne voyait pas et qui avaient déserté les lieux, toute vie semblant condamnée à disparaître d’Auschwitz-Birkenau. Ce sont les silences, tout ce que Mr Orenstein ne dit pas, ne peut pas dire. On ne peut pas raconter Auschwitz, seulement l’évoquer.
 »

M. Orenstein s’écarte de sa propre expérience. Le souvenir des brutalités des SS ukrainiens le ramène insensiblement vers le sort qu’ont connu tous les juifs persécutés et destinés à la disparition.
N’est-ce pas pour eux d’ailleurs qu’il parle aujourd’hui ? N’est-ce pas le souvenir de ceux qui n’ont pas pu raconté qui guide aujourd’hui son action ? N’est-ce pas cette tragédie qu’il se doit avant tout de transmettre ?
Car il estime que sa vie n’a tenu qu’à un ensemble de chances qu’il essaie de s’expliquer et de nous expliquer quand il est lui-même persuadé que rien n’est explicable dans cette folie.

Après l’écoute de se long, douloureux récit, notre sensibilité a changé.
Qu’était-ce Auschwitz pour nous, jeunes collégiens ?
Des mots, des vidéos, des témoignages, des images... Mais maintenant, que cette expérience nous a été racontée avec une telle vigueur et une telle tristesse, les idées de ces camps nous inquiètent encore plus.

Le Camp d’Auschwitz

Nous arrivons au camp d’Auschwitz suite à environs une heure et demie de route. Des casques audio nous sont distribués afin de mieux entendre ce que nous dit notre nouveau guide, rencontré sur place.
Ainsi, nous défilons dans les multiples allées, chargées en lourd souvenirs.

Nous nous arrêtons tout d’abord devant l’entrée du camp. Ici, l’enseigne " Arbeit macht frei " (le travail rend libre) nous accueille. Tant d’hommes sont passés sous ce portique, sous les regards des nazis, pour aller et revenir du terrible travail quotidien.

Au départ, le camp d’Auschwitz accueillait seulement des prisonniers de guerre communistes d’URSS. Ceux qui, d’ailleurs, ont construit le camp de Birkenau avec leur sang et leurs larmes.
Au loin, à l’autre bout des allées, nous apercevons miradors et clôtures.

Dans certains bâtiments, ont été entassés des cheveux, des valises, des lunettes, des brosses à dents et à cheveux, des habits, les objets retrouvés.
Des photos sont montrées, comme l’arriver de train. Ces photos ont généralement été prises par les allemands, mais certaines ont été prises par un déporté.
Des gens de l’extérieur des camps avaient des soupçons sur les "activités" exercées dans les camps. Ils ont réussis à y introduire un appareil photo et un prisonnier grec, du nom d’Alec, a pris 3 photos. Une avant l’entrée de femmes dans une chambre à gaz, une autre d’un entassement de corps et une dernière des buchés pour ces corps (avant la construction des crématoriums).

Nous arrivons ensuite à l’hôpital du camp. Si le terme hôpital est utilisé, c’était la version officielle, mais le mot laboratoire conviendrait mieux. Ici, des expérimentations avaient lieux, sur les jumeaux par exemple, mais il s’y trouvaient des cellules spéciales : des cellules d’une taille minuscule, et les nazis y faisaient entré jusqu’à 4 déportés en même temps et , par ailleurs, les entrés étaient basses et il fallait y entrer à quatre pattes. Voici un très bon exemple de déshumanisation.

Après avoir visité des dortoirs, suivant leur évolution dans le temps, nous arrivons devant le mur des Fusillés, ce mur (reconstruit depuis) en brique et ciment supportait sang et pleurs des condamnés a mort. Les fenêtres du dortoir des femmes situé a coté était caché par des auvents pour ne pas voir l’horreur et la désolation.

Puis nous visitons d’autres bâtiments réaménagés avec des photos et d’autres objets de commémorations dont un bâtiment portant sur les déportés et l’envers du décor de la France. Ce bâtiment a été réaménagé par l’aval de Jacques Chirac lors de sa visite dans les camps.

En silence nous marchons dans le camp, passant prés de la potence, du corridor, d’un rouleau compresseur et d’une anecdote douloureuse et frappante : « Les condamnés a tirés le rouleau était souvent beaucoup sachant qu’il pesait plus de 500 kilos mais si un homme tombait les autres ne pouvait pas s’arrêter sous peine d’être fusillé et le malheureux était mortellement blessé par le rouleau.
Nous continuons notre chemin parsemé de dessins d’artistes assez frappant et réaliste sur la vie au camp.

Le camp nous paraissait immense, avec ces rangées de bâtiments. Nous nous arrêtons sur la place et nous apprenions alors que malgré le froid, la pluie, le sadisme des gardes ne s’arrêtait pas et que parfois il pouvait faire l’appel pendant plus de 12 heures. Douze heures debout dans le froid avec comme habits une veste et un short de tissu, Certains n’en réchappait pas.

Ensuite nous entrons dans un bâtiment, des « boites de conserves » sont entassées, ces boites se sont les récipients des petite billes chargé du gaz Zyklon B. On se servait de ces billes pour exterminer comme des rats, à la chaine, les prisonniers du camp.

Plus loin, un peu caché par de la terre, mais reconnaissable par sa cheminé nous arrivons au crématoire. Avec un silence de recueillement, nous entrons. Nous nous retrouvons au beau milieu de la salle, je ne sais pas si je peux l’appeler comme ça, la salle « d’extermination ». Nous voyons deux petits trous dans le plafond et nous essayons d’imaginer comment des centaines de personnes ont pu mourir ici, tués lentement par ces petites billes jetés par le toit.
Impossible. Nous passons alors dans le crématoire ou nous voyons les fours. Moment poignant ou le recueillement prend une place importante.

Et pour finir nous sortons en repassant vers l’enseigne " Arbeit macht frei ".

Il est midi et demi, nous mangeons, pour ensuite repartir vers l’autre camp. Celui de Birkenau.

Le camp de Birkenau

Nous arrivons vers 13 heures, nous entrons par un bâtiment-vigie en brique rouge. Au milieu passe la voie de chemin de fer. Et face à nous se dresse l’immensité, jamais nous n’aurions pus concevoir cette grandeur. Cela a frappé tout le monde, d’abord ce camp divisé en deux pour les femmes d’un coté et les hommes de l’autre. Deuxième choc, les bâtiments était en bois et ce bois a été utilisé plus tard, il ne reste donc que les fondations et les cheminées. Nous visitons un des dortoirs resté debout et nous nous rendons alors compte de l’horreur que vivaient les prisonniers. Des lits entassés sur trois niveaux, avec juste de la paille comme matelas. Pire on nous fais comprendre qu’ils pouvaient êtres jusqu’à 13 par lits.
Autre exemple de déshumanisation, ces dortoirs étaient dans le passé des box pour 50 chevaux. La différence est flagrante : 50 chevaux / 700 à 1000 hommes par dortoir.

Ensuite nous visitons le bâtiment des toilettes, rangées alignés de trous bétonnés. L’horreur devait être permanente. De plus avant la mise en place d’un système d’égout c’était une fosse nettoyée par des détenus désignés.

Par rapport à Auschwitz, nous passons de l’homme à l’animal.

Nous marchons dans le camp, l’immensité se confirme alors, nous ne voyons jamais la fin et les limites du camp. Nous passons devant les restes des crématoires, nous arrivons ensuite devant les fosses communes et nous arrivons devant les fondations des bâtiments appelés Kanada. On y stockait toutes les affaires récupérées sur les prisonniers. Le nombre de bâtiments du Kanada est inimaginable.

Nous arrivons près du Lac ou les cendres des crématoires étaient jetées.
Malgré qu’il ne reste plus beaucoup de bâtiments debouts le lieu frappe et envoie un message fort.

Nous « visitons » plus tard les douches. Le bâtiment est lui en parfait état.
Il rappelle beaucoup de souvenir à Benjamin Orenstein.

La Commémoration

La nuit commençant à tomber nous nous sommes tous réunis autour d’un monument édifié à la mémoire de tous les disparus et des horreurs commises dans les camps par les nazis.
Des cierges on été allumés autour de la plaque commémorative française, et les rescapés d’Auschwitz-Birkenau nous ont adressé la parole. Témoignages poignants dans un silence de plomb, cela se suivit par la narration des poèmes choisis ou écrits par les élèves.
Le collège DARGENT avait choisi un texte d’auteur anonyme :

Les Barbelés du Camp
Je n’ai pas cette prétention
de vous arracher des larmes amères
je n’ai pas la moindre intention
de mettre tout vos principes a l’envers


 

Dans ce lieu aujourd’hui paisible
résonnaient des cris inaudibles
dans ces allées toutes verdoyantes
agonisaient des âmes mourantes


 

Déshumanisation parfaite, pure folie
gare géante où tant sont venus, sans soucis
gare géante où si peu sont repartis
regardez bien, ne fermez pas les yeux


 

Ceci était bien un homme auparavant heureux
seuls vestiges de l’horreur d’un être apeuré
seules ruines d’un passé trop souvent bafoué


 

N’oubliez jamais ce qu’il s’est passé ici
car comme le dit un survivant, Primo Lévi
« Que soit condamné à le vivre celui qui oublie... »

Et face à d’autres sentiments poignants ressortant à la suite du voyage, un de nos élèves, Gabriel B. a écrit ce poème pour le devoir de mémoire et pour toujours continuer à faire traverser le temps à ces faits qui peuvent vite s’effacer de notre mémoire :

Certes nous ne l’avons pas vécu,
Mais ce que nous avons vu
Nous a tous profondément ému.


 

Une telle haine, une telle douleur,
Comment des hommes peuvent en être les auteurs ?
Que de tristesse en ce lieu,
Et cela en raison d’un dieu.


 

En raison d’une croyance,
D’une préférence
Tant d’humains sont morts,
Sous les yeux des miradors,
Condamnés à leur sort.


 

Nous avons tous vu
Les ruines des baraquements
Où des hommes vivaient presque nus
Sous des ordres et des aboiements.


 

Sous le joug des nazis,
Des gens sont partis
Pour ne jamais revenir
Sauf dans les souvenirs.


 

La déshumanisation,
Œuvre cruelle, sans raison,
Est encore présente,
Dans l’air et dans les plantes.


 

Des scientifiques, des résistants,
Des hommes politiques, des brigands
y sont allés et silencieusement,
Récitaient des prières pour rester vivants.


 

Au Kanada, endroit sinistre,
Voleur et triste,
On y trouvait de tout,
Des habits, des chaussures, des sous...


 

"Arbeit macht frei",
De bien tristes mots,
Lus aux réveils,
Et aux retours des travaux.


 

Les fumées des crématoires,
Au loin étaient vues,
Depuis les fenêtres des dortoirs,
Comme depuis les avenues.


 

Mais si certains sont survivants,
C’est pour témoigner,
Pour raconter les événements
Et la triste vérité.


 

Gabriel B. et Alexis CAILLON